qui veu, qui sap

qui veu, qui sap

L’expérience de l’observation, de ce qui est dissimulé et sourd, est au cœur de la série, où les lieux semblent se consommer comme nos vies : de façon frénétique et précaire. Petit à petit, comme on noue une relation, Camille envisage les différentes strates qui façonnent l’identité du village de Cadaqués, son tissu social. Les photographies de la série sont prises sur un long laps de temps, dans des contextes variés : des moments dérobés au regard du premier touriste. Une dissonance se crée entre les images de cartes postales et cette identité plurielle qui ne peut être perçue en un instant. La série témoigne d’une face moins lisse, qui relate de la complexité des territoires, parfois appréhendés de manière superficielle. Mais comme chaque endroit, le village de Cadaqués regorge de secrets, de jeux d’influences, d’histoires. Peut-être encore plus parce qu’il est isolé, presqu’insulaire. Isolé; mais dont l’image est démultipliée à l’infini. Cela rappelle notre rapport aux réseaux sociaux, entre interconnexion et vide, “laisser paraître”. La question se pose : que souhaite-t-on savoir ?

A travers la post-production de ses photographies associant digital et analogique, Camille brouille les dimensions temporelles et l’échelle des images pour leur donner un côté surréaliste : on se demande par quelle gravité les protagonistes semblent marcher délicatement sur un sol presque tranchant. Dans Qui veu, qui sap - on perd notion du temps et on ne sait plus si on s’enracine ou si on fuit.

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The experience of observation, that which is hidden and muted, is at the heart of the series, where places seem consumed like our lives. In a frenetic and precarious way. As one weaves a relationship, Camille gradually considers the different layers shaping the identity of the village of Cadaqués, its social fabric. The photographs were taken over a long time, in various contexts and seasons: in moments hidden from the eyes of the first tourist. A dissonance is created between the postcard pictures and this plural identity which cannot be perceived in an instant. The series testifies to the rugged side which tells of the complexity of territories, sometimes perceived in a superficial way. As all places, Cadaqués is yet full of secrets, stories, and power games. Perhaps even more so because it is isolated, almost insular. Isolated: but still its image is multiplied infinitely. This reminds us of our relationship to social networks between interconnection and emptiness, «letting it show» and finally a certain disengagement. A question arises: What do we want to know?

Editing her photographs, combining digital and analog, Camille blurs the temporal dimensions and the scale of the images to give them a surreal quality: one wonders on which gravity the protagonists seem to be walking, so delicately on an almost sharp ground. In Qui veu, qui sap - we lose the track of time and we no longer know if we are rooted down or fleeing away.


texte : Constance Nguyen


2022          



qui veu, qui sap, InCadaqués OFF, Cadaqués, Espagne, 2022.

       






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